Il faut remonter pas mal de temps dans le passé, dans les années 60 pendant la guerre du Vietnam, pour bien comprendre les enjeux politiques ayant menés au génocide cambodgien et la situation économique et sociale de ce pays aujourd'hui encore.


Ancien protectorat français intégré à l' Indochine française, le Cambodge acquît son indépendance le 9 novembre 1953, après la fin de la guerre d'Indochine.

En 1955, les Etats-Unis déclare la guerre au Vietnam et celle ci durera 20 ans...

Le Cambodge est alors complètement neutre dans ce conflit et n'y prend pas part.

Pourtant, sous le gouvernement de Nixon, de 1969 à 1973, l'armée américaine larguera sur le sol cambodgien environ 3000 bombes, ce qui est autant que le total de celles larguées sur l’Europe pendant la seconde guerre mondiale.

Ce sont 13 000 villages Cambodgiens qui seront bombardés et des milliers de civiles tués dans le seul but d'empêcher les Vietnamiens d'emprunter certaines routes pour se ravitailler ( l'armée vietnamienne passait par le Laos et la cambodge afin de gagner le sud ou le nord du Vietnam).

Beaucoup de cambodgiens se réfugieront dans les villes pour échapper aux bombardements des campagnes.


En 1975, victoire du Vietnam sur les Etats-Unis, la plupart des cambodgiens sont heureux de voir partir les américains qui ont détruit leur pays et leur vie injustement.

A cette période, beaucoup on rejoint le parti politique des Khmers rouges qui luttait contre le gouvernement pro-américain en place et revendiquait ses idéaux communistes. Le parti prend de l'ampleur, s'arme, et prend le pouvoir du pays.

C'est ainsi que, le 17 avril 1975, la foule "libérée" applaudit les soldats khmers rouges qui entrent dans Phnom Penh en tanks et kalachnikov à la main. La joie du peuple est de courte durée.

Les soldats ordonnent seulement quelques heures plus tard, à tous les habitants de quitter Phnom Penh en emportant le stricte minimum, prétextant un bombardement américain imminent. Il faut s'exiler vers les campagnes pour l'instant. Les personnes pourront revenir chez elle dans quelques jours.

En 48 heures, c'est une capitale entière qui se vide, plus d'un million et demi de Cambodgiens quittent la ville souvent sous la menace, la laissant déserte. Les hopitaux et leur malades sont aussi entièrement évacués. Certains en brancard et ceux qui ne peuvent pas suivre seront exécutés.

La banque nationale, symbole du capitalisme est détruite à l'explosif ainsi que certains temples religieux et d'autres lieux culturels comme les cinémas et le stade olympique.

Le système monétaire est abolit.

Sur la route, les personnes possédant des voitures sont ordonnées de les laisser à l'abandon et de continuer leur exil à pied.

Les Khmers rouges ont menti. Les gens ne rentreront pas chez eux.

Ce sont entre 10 000 et 20 000 personnes qui meurent lors de cette évacuation, de fatigue et de maladie ou bien tué par les soldats qui ont commencé leur massacre.

Tous les dirigeants et soldats de l'ancien gouvernement sont assassinés ainsi que les personnes non khmeres.

Après Phnom Penh, se sont toutes les villes qui sont évacués de la même manière.


Selon le programme délirant du parti kmhers rouges, les gens devront désormais tous s'installer dans les campagnes et rizières et cultiver la terre. Ils seront uniquement des agriculteurs, travaillant pour le peuple et l'Angkar ( qui signifie "organisation", c'est le surnom que le parti et son dirigeant Pol Pot se donnent. Selon eux L'Angkar "voit tout et sait tout " il a toujours raison...)

Ce mode de vie est le seul juste et bon pour être tous égaux et vivre en auto-suffisance. Tout le peuple doit s'habiller de noir et les femmes et petites filles ont toutes les cheveux coupés au carré.

Selon leur idéaux basés sur une haine de la bourgeoisie, la ville et ceux qui y vivent sont des pervertis par le capitalisme et constitut ce qu'ils appellent " le nouveau peuple" qui a volé et appauvrit la population rurale.


Ceux qui ont pris part à la révolution contre les américains se donnent le surnom d"ancien peuple" en référence au peuple rural et ont désormais le pouvoir et l'autorité totale sur le "nouveau peuple."


La haine de ce "nouveau peuple" amène à l'esclavagisme des personnes anciennement citadines qui sont parquées dans des camps appelés "coopératives" et doivent travailler dans les champs dans des conditions insoutenables.

Les familles sont séparées et certains enfants sont enrôlés dans l'armée de l'Angka. Le noyau familial n'existe plus rien ne doit être plus important que sa dévotion à L'Angka.

Très vite, la famine et les maladies déciment les camps.

En plus de cela, une élimination massive de la population se met en place.

Toute personne dite "intellectuelle", est soupçonnée d'être ennemie de L'Angka et exécutée. Cela prend en compte tous les professeurs, artistes, politiciens, médecins, les personnes ayant fait des études, qui parlent une deuxième langue ou tout simplement celles qui portent des lunettes, ainsi que les religieux etc.

Des "prisons" sont crées dans tout le Cambodge, souvent dans les villes désormais fantômes, où les écoles se sont transformées en camps de torture et d'extermination.

La plus connue, Tuo Sleng appellée aussi "S 21", basée dans un ancien collège de Phnom Penh, est devenue le symbole de la barbabie et de la folie des Khmers rouges en devenant aujourd'hui le musée du génocide.

Toutes les personnes supposées être des traîtres car intellectuelles, agissant contre l'Angka ou encore suspectée de travailler pour la CIA sont déportées dans ces camps. Quasiment toutes ne sauront jamais de quoi elles étaient coupables...

"Il vaut mieux faire une erreur et tuer une personne innocente que de laisser un ennemie en vie" selon les Khmers rouges.

Ici, on torture pour extorquer des "aveux" délirants et ensuite on élimine plus loin, sur des sites d'extermination tristement connus aujourd'hui sous le nom de "killings fields". 380 sites d’exterminations ont été répertoriés dans tout le pays et près de 20 000 fosses communes ont été retrouvées à ce jour.

Ainsi il y aurait eu plus de 14 000 personnes torturées dans cette prison ( dont beaucoup de partisans du parti Kmher rouges jugés suspects).


En tout, et en seulement trois ans, huit mois et vingt jours, ce sont presque un quart de la population cambodgienne qui fut exécuté, c'est à dire 1,7 million de morts (soit 21 % de la population cambodgienne de l'époque) selon le programme d'étude sur le génocide cambodgien de l'université de Yale. Certaines sources évoquent plus de 3 millions de morts, dans la mesure du fait que le recensement de 1971 effectué au Cambodge était incomplet (négligeant par exemple un grand nombre de réfugiés, victimes des bombardements américains au Vietnam)


Dès mai 1975 les Khmers rouges tentent de récuperer la Cochinchine ( au sud du Vietnam) considérée par les Khmers comme le berceau historique de leur peuple.

À la mi-1977, les troupes effectuent plusieurs incursions en territoire vietnamien, tuant plusieurs centaines de civils.

Le 25 décembre 1978, l'Armée populaire vietnamienne pénètre au Cambodge et démantèle en moins d'une semaine la défense des Khmers rouges.

Le 7 janvier 1979, les Vietnamiens pénètrent dans Phnom Penh désertée par ses défenseurs. Quatre jours plus tard, le régime pro-vietnamien de la République populaire du Kampuchéa est proclamé, le parti Khmers rouges est déchu.


Cependant le Cambodge souffre encore de la guerre qui continue de 1980 à 1999 car les Khmers rouges tentent de reconquérir le pouvoir aidé par la Chine, la Thailande, l'Angleterre et plus surprenant les Etats-unis qui re-arment les partisans dans le seul but de s'opposer au Vietnam( allié de la Russie) !

Cette lutte de pouvoir continue dans une ambiance mondiale de guerre froide et d'enjeux purement économiques et politiques qui ne prennent jamais en compte la vie des citoyens.

Dailleurs l'ONU reconnaitra le parti Khmers rouges comme gouvernement légitime du cambodge jusqu'en 1991.


 Le 6 mars 1999 sonne enfin la fin définitive de l'existence des Khmers rouges en tant que mouvement rebelle.

Cependant, c'est seulement trente ans plus tard que débute le jugement de seulement une dizaine de dirigeants Khmers rouges (certains étaient encore jugés fin d'année 2017...)

Ils seront jugés pour crime de guerre et crime contre l'humanité et plus tard pour génocide.

Le chef, Pol Pot, qui n'aura jamais reconnu l'extermination de sa population par son parti mais parlera de "quelques erreurs commises", est mort de maladie depuis 1998...


En juin 2013, le parlement cambodgien adopte une loi punissant de deux ans de prison « tout individu qui ne reconnaît pas, qui minimise ou qui nie » les crimes des Khmers rouges.


Les souffrances endurées pendant toutes ces années par le Cambodge ont laissé beaucoup d'orphelins et de pauvreté.